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Quelle discrimination positive ?
Date de publication originale : jeudi 15 décembre 2005, par Thierry Leterre
Alors que la discrimination positive est une mesure « de gauche » dans les pays anglo-saxons, elle a une bonne audience dans certaines fractions de la droite française

On a évoqué en réaction aux émeutes urbaines qui ont secoué notre pays la nécessité de recourir à la « discrimination positive » (traduction approximative de l’anglais « affirmative action ») et d’en finir avec une certaine tradition républicaine traitant de la même manière des citoyens et des citoyennes différents. Dans une société inéquitable à l’égard de ses membres, l’égalité risque de renforcer les exclusions. Par exemple une politique volontariste d’accès des milieux défavorisés à l’enseignement supérieur - dont la faiblesse limite les possibilités d’ascension sociale - ne change en rien le fait que pour certaines populations appartenant à ce qu’il convient d’appeler les « minorités visibles » - asiatiques, indiens, maghrébins, noirs, mais aussi femmes - ce handicap sociologique est redoublé par la barrière sociale. À qualification égale, ces personnes ont plus de difficultés à trouver un emploi, et par la suite, à progresser dans leur carrière. Quant à leur présence aux postes de tout premier plan, elle est infime. D’où l’idée d’accorder à ces personnes un traitement privilégié afin de compenser la discrimination (« négative ») dont ils sont victimes, contrairement à la tradition républicaine d’une solidarité globale fondée sur l’égalité : on accordera une place, un emploi, un financement, à une femme plutôt qu’à un homme, à un Maghrébin plutôt qu’à un Français dit « de souche » ; on dispensera d’examens difficiles des populations qu’on se représente comme incapables d’y réussir.

Il faut avoir le courage de prendre en compte ce dernier point : la discrimination positive ne consiste pas seulement à savoir qui on avantage, mais également qui on sacrifie. Accorder un emploi, un logement ou une place à quelqu’un, c’est bien souvent la refuser à quelqu’un d’autre. Se pose alors la question de la légitimité et de l’acceptabilité de ce type d’action.

En ce qui concerne la légitimité, il faut distinguer entre la discrimination comme principe de préférence et la discrimination comme principe de compensation. Préférence : à qualification égale, on choisit une femme, un membre des minorités. Compensation : on accorde des avantages à des personnes qu’on sait moins compétentes en raison des discriminations pesant sur elles. Ainsi Sciences-Po à Paris exempte de ses examens d’entrée normaux certains étudiants soigneusement identifiés.

De ces deux logiques, la première est difficilement contestable, et on aimerait que la République en fasse un principe public de recrutement. Nul n’est lésé par un principe qui ne repose pas sur des quotas pour les minorités, mais sur le ratio entre candidats et candidates à une fonction et personnes réellement recrutées. Le vrai scandale de notre République, ce n’est pas l’inégale qualification des personnes. C’est qu’à qualification égale, un Maghrébin ou un Noir, et pire encore une Maghrébine ou une Noire, ont un destin professionnel soit différent, soit beaucoup plus difficile que leurs homologues.

La seconde voie, elle, heurte clairement le sens commun qu’on peut attribuer au mérite. Elle n’en a pas moins ses avantages. En concentrant les ressources sur certaines personnes, elle évite de s’interroger sur les inégalités du système global. Quelques discriminations positives locales permettent de valider des inégalités générales.

Ce n’est donc pas un hasard si les deux grandes terres de discrimination positive que sont la Grande-Bretagne et les États-Unis sont des pays où l’État social est en déclin. Dans un contexte de faible solidarité, il est plus aisé de s’intéresser aux minorités que de s’épuiser comme en France à régler la situation de la majorité. Cette contrainte explique une curieuse ironie. Alors que la discrimination positive est une mesure « de gauche » dans les pays anglo-saxons, elle a une bonne audience dans certaines fractions de la droite française. C’est que dans un État social développé, discriminer devient un alibi commode pour démanteler celui-ci, en en soulignant les carences, tout en négligeant ses apports.

C’est aussi en fonction des contextes qu’il faut appréhender le caractère acceptable ou non de telles politiques. Dans une société fluide, à faible chômage, comme les États-Unis, favoriser des minorités ne nuit guère à la majorité, sur laquelle la solidarité nationale pèse peu. Mais dans un État où les prélèvements sociaux sont lourds et le chômage haut, il est probable que des politiques fondées sur l’identification ou la création de ghettos identitaires - un risque parfaitement avéré - créeront de lourdes tensions sans résoudre les problèmes. Après tout, c’est Nicolas Sarkozy, le plus entiché parmi nos hommes politiques de discrimination positive, qui a été le plus conspué par les émeutiers.

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  • Messages publiés : 5 (triés par date)
  •   1 - Quelle discrimination positive ?

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  •   5 - Quelle discrimination positive ?

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