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Nouveau Portrait de l’Europe

samedi 20 octobre 2007, par Thierry Leterre

Présentation des interventions

Ce texte a été rédigé pour ouvrir la séance sur le Nouveau Portrait de l’Europe, à l’occasion de l’élargissement européen de 2004. En fait, il n’a pas été prononcé, la présidente de l’université choisissant quelques mots de son cru, surtout centrés sur notre établissement.

L’extension d’un corps politique, économique et social de plusieurs centaines de millions de concitoyens comme ce sera le cas à la fin de cette semaine est un événement rare, et un événement précieux. Cet événement nous concerne tous, et c’est pourquoi il nous semblait important de marquer par un événement solennel dans notre établissement l’entrée dans l’Union de dix nouveaux pays membres, mais aussi, mais surtout, de leurs citoyennes et leurs citoyens.

Pour notre établissement qui se veut résolument européen, et dont la faculté de droit et de science politique a le bonheur d’être honoré d’une chaire Jean Monnet, le passage à une grande Union ou une encore plus grande Union devait être naturellement l’occasion d’une rencontre. Comment une université, et bien plus, comment une université dont une des composantes est vouée aux études juridiques et politiques, dont bien des étudiants vont étudier grâce aux programmes Erasmus, pourrait laisser passer ce grand mouvement de l’histoire européenne sans le saluer ? Notre rencontre ce soir, sous les auspices du service des relations internationales et extérieures et de la faculté de droit et de science politique est tout simplement l’expression de cette impossibilité, et je suis heureuse de vous accueillir au nom de notre établissement. Mes remerciements tout spéciaux vont à l’équipe éditoriale du quotidien La Croix qui a bien voulu s’associer à ce projet et le soutenir.

Notre rencontre de ce soir se situe dans le fil des événements européens que nous avons organisés, le séminaire du laboratoire de science politique consacré à la constitution européenne en février, le colloque en partenariat avec le Rectorat en mars, le printemps de l’Europe en partenariat avec le Pôle Européen auquel nous participons, et bient ôt la conférence sur la défense européenne, et la journée européenne de mai que nous préparons avec le service d’action culturelle, qui a d’ailleurs collaboré à l’organisation de la rencontre de ce soir.

Mais l’événement de ce soir, s’il vient s’inscrire dans ce contexte déjà très riche a sa particularité : celui d’être au seuil d’un événement politique considérable, bien sûr. Celui de nous réunir, au sein d’un établissement universitaire, à plusieurs voix, en quelque sorte et je veux témoigner de ma grande reconnaissance à nos interlocuteurs d’aujourd’hui, Monsieur l’ambassadeur Pavel Fisher dont le pays est parmi ces nouveaux membres que va compter l’Union Européenne dans quelques jours, Monsieur Jean-Dominique Giuliani, qui préside aux destinées de la fondation Robert Schuman, Mme Marie-Fran oise Labouz, professeure de droit européen à l’UVSQ. Si l’université, comme lieu d’enseignement et de recherche ne peut se désintéresser d’un élargissement si considérable de l’Europe, elle doit aussi jouer son r ôle de lieu de rassemblement des réflexions et des volontés : Volonté politique de l’Europe, Volonté de pensée sur l’Europe, Volonté de savoir, que vous avez accepté de partager avec nous.

L’élargissement à la veille duquel nous nous trouvons, nous pouvons certainement le considérer comme une histoire européenne enfin réconciliée avec elle-même, une histoire qui se termine, et en un sens qui se termine bien, par-delà la traversée des déséquilibres, qui tant de fois ont déchiré notre continent, désormais voué à l’Union. Mais nous devons aussi, nous devons surtout le considérer du point de vue de l’histoire qui se fait, qui avance, qui progresse. Une histoire qui n’est pas simplement celle d’une fin, celle de la coupure de la guerre froide, mais celle d’un début, celle d’une nouvelle entité que nous nous devons d’enrichir de nos ressemblances comme de nos différences, de nos histoires nationales, comme de notre histoire commune, l’histoire de l’Europe.

C’est pourquoi nous avons voulu placer ce moment sous les auspices d’un nouveau portrait de l’Europe. Bien des questions juridiques, politiques, bien des interrogations sur l’identité de l’Europe sont soulevées, qui ne sont d’ailleurs pas toutes récentes, ou nées de l’élargissement que nous allons conna”tre. Mais s’y cantonner serait négliger que l’Europe, c’est aussi le nouveau visage d’une politique et d’une société européennes qui se dessinent. Ou plut ôt, l’un des visages. Pour les universités, en effet, l’Europe est quelque chose de spécial. Nous participons, naturellement, aux programmes européens, Erasmus, Léonardo, mais aussi aux masters européens. Nos programmes de recherche sont inscrits dans le 6e programme cadre de recherche et de développement. Nous contribuons encore à l’édification d’une Europe plus large que l’Union, celle de l’enseignement supérieur et de la recherche. C’est ainsi que dès la rentrée prochaine nous intégrerons totalement le processus de la Sorbonne-Bologne, que nous connaissons sous l’acronyme de la réforme LMD.

Comme vous le voyez, pour nous l’Europe est bien plus qu’un thème. C’est un programme. Un programme dont il revient aux intervenants de dessiner les contours.

Thierry Leterre, Professeur de science politique, Vendredi 26 avril 2004